mercredi 15 septembre 2010

Cérémonial


L’entraînement commence et se termine par un rituel, élément qui permet aux individus de pratiquer ensemble efficacement et en toute sérénité. Un manque de concentration peut provoquer des blessures. Aider les autres à développer leurs facultés est une des qualités d’un bon karatéka.

Les élèves s’adressent toujours au sensei (instructeur principal). Ce n’est pas une traduction littérale mais, dans un souci de simplicité, le mot « maître » fera l’affaire.
En fait, sensei signifie « celui qui est passé avant », expression qui signifie que, quoi qu’on fasse ou s’apprête à faire, le maître l’a déjà fait en sachant ce qu’il faisait.

Rien ne distingue un élève d’un autre élève sinon la couleur de la ceinture (obi) qui témoigne de l’expérience acquise par celui ou celle qui la porte. Tous les karatékas sont égaux entre eux comme le montre leur simple tenue blanche, le karaté-gi.
Le karaté-gi doit être impeccable et la ceinture nouée correctement, aussi bien de face que dans le dos.
Néophytes, élèves chevronnés ou maîtres sont tous tenus de se déchausser et d’effectuer un salut (rei) avant d’entrer dans le dojo. Ceci paraît évident, mais force est de constater que beaucoup encore l’ignorent.

Mais revenons au rituel à proprement parler. Au commandement de l’élève le plus gradé (sempai), les élèves forment une ligne bien droite. Les plus gradés prennent place de gauche à droite. Eh oui, on ne s’aligne pas n’importe comment en début de rituel de salut… Ce n’est pas simplement une question d’alignement, mais de respect envers les plus gradés aussi.

Il faut se tenir debout, détendu, les mains posées sur le devant des cuisses, doigts tendus et joints, pouce rentré. Joindre les talons et ouvrir la pointe des pieds vers l’extérieur , en V.
Le sempai donne l’ordre « seiza », se mettre en position accroupie en posant les mains sur les genoux qui s’écartent naturellement. Regarder droit devant soi en gardant l’équilibre. S’agenouiller en posant au sol d’abord le genou gauche, puis le genou droit. Pour les garçons, maintenir entre les genoux un espace de la largeur de deux poings. Pour les filles, genoux serrés. Dans la position agenouillée, ne pas croiser les pieds et poser le cou-de-pied à plat sur le sol.

Lorsque le sempai donne l’ordre « mokusô », il faut alors se vider l’esprit et se préparer à l’entraînement. Fermer les yeux et garder le dos droit, les épaules détendues. Pendant cette méditation, il faut rechercher le calme et la sérénité. Se concentrer sur la respiration aide à vider son esprit des pensées qui pourraient constituer une distraction. Respirer lentement, profondément et de façon contrôlée en inhalant par le nez et en expirant par la bouche. Maintenir la position au moins soixante secondes.

Le sempai prononce ensuite « mokusô yame ». A cet instant on ouvre les yeux.
Puis il donne l’ordre de saluer le « shômen » ou l’esprit du fondateur (il est souhaitable qu’une photo de celui-ci soit affichée face aux pratiquants). Cet ordre est le suivant : Shômen ni rei. Pour pratiquer ce salut (rei), avancer les deux mains autour des genoux pour les poser au sol devant soi. Dans le passé dont l’histoire est toujours reliée à l’époque des Samouraïs, on commençait par poser la main gauche, puis la main droite. Aujourd’hui, dans notre école de style, la notion de confiance a pris une signification plus importante. C’est pourquoi on salue en posant les deux mains en même temps autour des genoux pour les poser au sol devant soi.
Les pouces et les index se touchent pour former un V. Il faut incliner le buste jusqu’à ce que le visage se trouve à environ 25 cm du sol. Il s’agit de maintenir le corps en équilibre, le dos droit et la tête dans son prolongement.

Ensuite le sempai donne l’ordre « Sensei ni rei », c’est le salut envers le ou les maîtres présents. Enfin le sempai prononce « Otagai ni rei », c’est le salut envers les partenaires d’entraînement.

Lorsque ces trois saluts sont terminés, le sempai prononce « kiritsu », en invitant les pratiquants à se relever, par ordre de grade. On commence à se relever en avançant le pied gauche. Une fois debout, on reprend la position initiale avant de pratiquer le dernier salut.

Tout ceci peut paraître naturel pour beaucoup d’entre nous, mais je pense qu’on ne le répètera jamais assez. C’est le devoir de chaque instructeur de veiller à ce que ce cérémonial soit respecté à chaque entraînement.

Oss !

13 commentaires:

Marco a dit…

Bonsoir;très bel article en cette saison de reprise aux entraînements.Il est toujours bon,me semble-t-il de prendre conscience de nos actes Budo et de ré-insister dans les valeurs qu'ils véhiculent.Cela d'autant plus dans une époque ou l'aspect sport tend à dominer celui de l'Art.Merci.
Marco

Anonyme a dit…

bonjour,
article et blog très intéressants, merci beaucoup.
Pourriez-vous me dire pourquoi on pose d'abord le genou gauche à terre pour le salut assis ?
d'avance merci
bien sincèrement

(je démarre à peine le karaté...)

Sandrine

Salvatore Baldacchino a dit…

@ Sandrine
Pourquoi le genoux gauche d'abord pour le salut ... L'origine de ce geste est lié à l'attitude du Samouraï. Lorsque celui-ci s'agenouillait, il commençait toujours par poser le genoux gauche, de cette façon, il était toujours prêt à sortir son arme en cas d'attaque surprise ... (genoux gauche au sol, jambe droite mi-fléchie). Le Samouraï étant souvent droitier, c'est une question de facilité technique pour dégainer et frapper directement et efficacement... C'est mon explication :-) Il y en a peut-être d'autres ...

@ Marco
Merci Marco, je partage complètement ton analyse.

Anonyme a dit…

Konnichi-wa Ototo.
Cette petite pensée philosophique afin d'aider certains adeptes dans leur engagement pour la pratique de notre art :

"Avant d'être des actes du corps, les arts martiaux sont surtout des actes d'esprit."

Kyoudai no yuujou.
Oss. Onisan.

Anonyme a dit…

Bonjour à tous;si Vous le permettez,je complèterais l'explication ci-dessus en ajoutant le fait que cela évite aussi au pratiquant de sabrer son genou par un processus d'exécution inverse.Dans un Dojo de traditions,la hiérarchie étant établie comme suit ,face au Sensei, qui veut que le néophyte soit sur son extrême droite,ce face à lui lors du salut de début et fin de cours.
Il en découle donc que si menace il se devait d'y avoir(à l'époque lointaine)que le danger ne pouvait provenir que de ce coté;car de l'autre se trouvaient les deshi plus anciens,donc plus sensés ètre plus fidèles et voués au maître.La codification trouve ici donc justification applicable pour la survie en cette époque.
Une autre forme d'explication peut se trouver dans le fait qu'en Orient tout cérémonial démarre par le coté spirituel et mental(symbolisé par la gauche)l'emportant sur le droit,représentant le pragmatique et physique.Le départ de tous Kata confirmant la chose!!Cela pouvant,je pense compléter votre recherche du pourquoi.Merci et bonne journée.
Marco

Salvatore Baldacchino a dit…

Merci Marco pour ton complément d'info toujours très riche ...

Anonyme a dit…

Merci beaucoup pour vos explications à tous les 2, très éclairantes.
Je suis en train de prendre conscience du fait que les arts martiaux sont avant tout des arts avant d'être des sports.
En tant qu'art, que pensez-vous que le karaté exprime ?
à bientôt
sincèrement
Sandrine

Marco a dit…

Bonsoir;en tant qu'Art le Karatedo devrait exprimer ton âme,ce par le biais des bases universelles.
Les bases de ton école se doivent de t'être enseignées par le "vecteur" de transmission qu'est le Sensei.
Lorsque avancée dans la Voie,tu te dois de t'en imprégner le plus possible certes,pour un jour lointain,savoir t'en détacher.Tu es sensée être unique,Ton âme de même et ton Karatedo de surcroît.Ne brule pas les étapes et laisse le temps au temps.
En résumé:Imiter,s'imprégner,personnaliser,se détacher.
Bonsoir

Salvatore Baldacchino a dit…

Sandrine,
Marco a bien résumé l'art du karaté.
Je dirai que c'est une recherche de la "voie", la vraie ... Ce n'est pas le but qui est important, c'est le chemin que tu vas parcourir. La technique n'a que peu d'importance, c'est l'esprit qui prime.

Anonyme a dit…

on se croyrait dans un mouvement sectaire.......

Salvatore Baldacchino a dit…

A la "courageuse" personne qui préfère rester dans l'anonymat pour nous qualifier de mouvement "sectaire" ... je dirai ceci : le cérémonial fait partie de la Voie. Ces gestes doivent exprimer la dignité, la courtoisie, l'énergie rayonnante (ki) de ceux qui vont s'affronter. Ceux ou celles, qui comme vous, qualifient le respect du Cérémonial comme "pratique sectaire", sont l'exemple même d'une pratique martiale superficielle.

Anonyme a dit…

Konnichi-wa Ototo.
Je me demande, en lisant le commentaire de cet anonyme, de quelle école de bouseux il sort ! Primo : sait-il faire la différence entre « cérémonial » et « sectaire » ?
Secundo : est-il un vrai pratiquant du karaté ?
Pour ma première question, je l’invite à faire l’acquisition d’un livre qui s’appelle communément « DICTIONNAIRE ».
Pour ma seconde question, je pense que la réponse est évidente : il ne connaît pas « LES RÈGLES DU DÔJÔ KUN ».
Mais une autre question me chiffonne l’esprit : est-il tout simplement apte à tenir une conversation d’adulte ?
Un vieux proverbe sicilien dit : « Si tu nais obtus, tu ne mourras jamais pointu ! ».
Maintenant, assez perdu de temps avec ce triste individu et qu’il retourne dans sa fange d’où il n’aurait jamais dû en sortir ! Kyoudai no yuujou. Onisan.

Anonyme a dit…

Konnichi-wa Ototo.
Hier, avant l’entraînement, je t’ai fais part de mon scrupule d’avoir été trop virulent dans mon commentaire vis-à-vis de notre « illustre » anonyme.
Et puis, la nuit portant conseil, je me suis dis ce matin : « Zut ! Après tout il n’a eu que ce qu’il mérite ! ».
Il m’est d’ailleurs revenu en mémoire ce vieil adage :
« Qui sème le vent récolte la tempête. »
Alors, Mossieu l’anonyme, si j’assume mon commentaire, assume ta propre couardise !
Kyoudai no yuujou.