lundi 30 avril 2007

Soupe ou gâteau ?

Les jeunes karatékas, si on leur laisse faire ce qu'ils aiment, iront vers un karaté plus populaire et de compétition.
Pourquoi se pencheraient-ils vers le karaté traditionnel ?
Demandez à un enfant s'il préfère avaler un bon morceau de gâteau ou alors boire un grand bol de soupe ... vous devinez sa réponse ! Vous devinez aussi sur le plan alimentaire qu'est-ce qui est plus judicieux.
En karaté, c'est souvent pareil. Je pense que le karaté sportif est une excellente expérience pour le jeune. Je pense que chaque club doit pouvoir offrir une 'section' compétition. Toutefois, cette expérience ne doit pas être "l'unique expérience" ou plutôt celle où après quoi rien ne compte.
L'instructeur a pour devoir de guider le jeune karatéka et surtout à lui faire comprendre que le karaté ne se limite pas à se toucher le bout du nez muni d'une paire de gants en hurlant 'yes' !

samedi 28 avril 2007

Karaté sportif - karaté traditionnel

Il existe un fossé considérable entre le karaté traditionnel et la pratique sportive de celui-ci.

Sergio Gneo Sensei l’a encore souligné lors du cours provincial de Marchienne-au-Pont.

Bien que le karaté sportif soit issu de l’art martial traditionnel ou du budo, on tente à s’en éloigner de plus en plus.

Et sur le terrain, on distingue aujourd’hui deux formes de karaté, l’une qui est axée exclusivement vers la compétition sportive, et l’autre vers un épanouissement du pratiquant à travers l’art lui-même.

Le karaté vise avant toute chose l’efficacité en combat. Et cette efficacité se déploie au travers d’un apprentissage technique.

Dans la carrière d’un karatéka, la compétition est un choix. Mais ce choix ne peut s’opérer que durant quelques années. Après quoi, on constate une phase de déclin et souvent d’une remise en question de soi.

En karaté traditionnel, la période d’efficacité est toujours présente, puisque la formation technique associée à une recherche personnelle est continue.

Pratiquer le karaté sportif, c’est miser sur la performance du jour. Pratiquer le karaté martial, c’est développer l’efficacité de l’art du combat durant toute sa vie.

dimanche 15 avril 2007

Pourquoi Jion

Un blog, c’est fait pour tout dire, ce qui nous plaît, mais aussi ce qui nous interpelle parfois.
Puisque j’évoquais précédemment le passage à la ceinture noire, avez-vous déjà remarqué que la plupart des candidats ‘dan’ présentent le kata Jion comme tokui kata (kata libre).

Pourquoi Jion ? N’est-il pas synonyme de perfection ? Alors, dans ce cas, se considère-t-on déjà parfait à l’aube de la ceinture noire ?
Ce choix me laisse songeur. J’aimerai qu’un jour quelqu’un puisse m’apporter une réponse. Où alors est-ce un phénomène de mode ?

Si on prend la peine de se pencher sur l’origine du kata Jion, on remarquera dans les écrits qu’il est question d’un temple et d’un prête bouddhiste.
Une légende dit que l'inventeur du kata a pratiqué sur le pont nommé Jion et c'est comme ça que le kata a reçu son nom.
J’espère que ceux qui optent pour ce kata comme kata favori le pratiqueront jusqu’à ce qu’ils soient satisfaits … mais l’est-on vraiment un jour ? Est-ce possible d’être satisfait de soi-même avec si peu d’expérience ?

Jion est un kata solide, puissant, ravageur mais très raffiné à fois. Au premier abord, tout le monde peut le pratiquer avec aisance. Mais quand on commence à entrer dans le kata, on s’aperçoit très tôt que le combat n’est pas gagné d’avance.
Il y a beaucoup de points difficiles dans l’interprétation du kata. Il y a plusieurs parties dans ce kata et la difficulté réside à ne jamais donner l’impression de s’arrêter entre chaque partie. Le combat dans le kata est toujours présent. Mentalement, il faut toujours rester fort pendant le kata. Le rythme n’est pas toujours le même mais à aucun moment il n’y a de temps pour se délasser. Apprendre à maîtriser son esprit et sa respiration sans que la concentration et le mental ne s’affaiblissent.
Je considère que Jion est un des kata les plus mûrs et qu’il faut avoir l’esprit clair pour bien se l’approprier.

A ceux et celles qui ont choisi de présenter Jion lors de leur passage, je dirai qu’il est utile de prolonger l’expérience, sa proche recherche dans l’exécution de Jion pendant de longues années encore.
Méditer sur ce que l’on peut être au moment où on croit avoir atteint une exécution parfaite du kata.

samedi 14 avril 2007

Noir c'est blanc

Un stage tel que celui de Louvain est l’occasion pour beaucoup d’acquérir la fameuse ceinture noire.

C’est avec un soupçon de nostalgie, que le jour de l’examen, j’observais les candidats shodan. Presque tous anxieux, et atteint de ce point à l’estomac qui ne vous lâche plus.
Pendant que je savourais mon sandwich, ils grignotaient le temps en répétant inlassablement leur programme d’examen.
Bien entendu, assis dans l’ombre, d’un œil discret, je remarquais ceux et celles touchés par les bienfaits de l’esprit martial. Comme cette jeune fille qui, isolée des autres, laissait exploser ses qualités et ses défauts, son caractère et sa rage de franchir ce cap.
En parlant d’esprit, justement, pour la plupart d’entre eux, l’obtention de la ceinture noire, c’est surtout la distinction d’un niveau avancé.

Je dirai que c’est le début de la sagesse et de l’humilité. C’est surtout apprendre à se distinguer avant tout par le comportement d’un sage plutôt que par la couleur de la ceinture.

Le chemin qui nous conduit jusqu’à la ceinture noire, c’est un peu l’apprentissage de notre alphabet. A partir de shodan, on apprend à construire quelques mots, ensuite des phrases, ensuite des chapitres, et quelques ‘dan’ plus loin, un jour, certains d’entre nous termineront l’écriture d’un livre.
Voilà l’image que je donne aux élèves qui se torturent souvent l’esprit bien trop tôt quant au passage du grade shodan.

Le passage de ‘la noire’, c’est le début d’une longue recherche personnelle sur le karaté. C'est commencer sa propre phase d'analyse sans brûler les étapes.
Une route semée d’embûches et d’interrogations.
Jour après jour, apprendre à reconnaître ses imperfections pour s’améliorer au fil du temps.

Décrocher sa ceinture noire, c’est redevenir une ceinture blanche au plus profond de soi.
Une ceinture qui noircit avec le temps …

dimanche 8 avril 2007

Raymond Honore Sensei

Comment aborder le thème du « karaté dans notre région » sans penser une seule seconde à Raymond Honore Sensei, 6ème Dan JKA … c’est impossible.

Quand je parle de région, je devrai plutôt dire « la Walonnie ». Car si il y a bien un mot qui revient souvent dans la bouche de ce bon vivant, c’est « la Walonnie ».

Raymond Honore Sensei est un pionnier, un vrai de vrai ! Il a introduit le karaté dans la région du centre en 1961 … Alors que la Belgique dansait au son des Beatles, Raymond lui, se passionnait depuis longtemps, pour ce qui allait devenir son activité favorite : le karaté.

Mais je ne suis pas là pour vous dresser l’historique du personnage. Bien qu’il marqua de son empreinte notre équipe nationale dans les années 70, avant d’embrasser une carrière d’arbitre internationale exemplaire.

Non, je voudrai vous parler de l’homme. Du moins, de ce qu’il laisse comme trace chez un karateka anonyme comme moi. Oui, en parlant de trace, quel karateka n’a pas encore déjà eu le plaisir de goûter aux avant-bras de Raymond !

Un entraînement chez Raymond c’est spécial. On sait quand on arrive … mais on ne sait jamais quand on repart. Parceque le karaté, ça se vit dans l’instant surtout … et si cela n’est pas au goût du maître, on continue, encore et encore … jusqu’à ce que ce soit plus ou moins parfait. Il vous ‘scanne’ des pieds à la tête … mais n’est-ce pas pour cela qu’on y va ? Combien de candidats ‘dan’ n’ont-ils pas fait cet arrêt au dojo louviérois. C’est devenu pour beaucoup une étape presque incontournable avant l’épreuve de l’examen. Les gens viennent chercher chez Raymond ce qu’il leur manque … ce petit détail qui fera la grande différence.

Raymond Honore Sensei est très attaché à ses racines. Qu’elles soient linguistique ou martiale. Alors, lorsqu’on se retrouve autour d’une bonne table, une bonne bière à la main, entre deux expressions en dialecte presque incompréhensibles dont il a le secret, il nous parle ‘du bon temps’. De ces années passées aux côtés de Satoshi Miyazaki Sensei dont il aime tant évoquer la mémoire auprès de la jeune génération.

Et si vous savez gratter un peu plus loin, sous ce karateka impressionnant par la force et la puissance qu’il dégage, vous verrez qu’il y a surtout un cœur, sans doute plus grand que la fameuse moustache qu’il porte avec fierté ..

samedi 7 avril 2007

Les petits oeufs de maître Kawawada

Ca y est, nous y voilà enfin ! Pâques et ses petits œufs, symboles universels du printemps et représentants le renouveau de la vie …

Et bien moi, comme pour la plupart des karatekas belges, tous issus de cette grande famille qu’est la JKA, chaque année à cette période, c’est plutôt la grande messe du karaté. Pardon monsieur le curé …

Le grand stage de karaté de la JKA francophone accueille les plus grands maîtres de notre école. Un vrai pèlerinage pour tout karateka passionné et désireux de voir en chair et en os ces maîtres sans âges.

Bura Sensei du Danemark, 7ème Dan JKA, ouvre les festivités cette année avec une étude bien perso du kata sochin. Moi je me régale … dans tout les sens du terme. Fraîchement nomé à la tête des troupes européennes de la JKA, l'homme se montre très ouvert. Il observe et répond à nos questions. Soucieux de bien faire passer le message dont il est porteur. Il n'hésite pas à nous dévoiler les finesses d'un bunkai révélateur d'un karaté supérieur.

Mais il faudra attendre quelques heures pour enfin voir celui que j’attend, Kawawada Sensei, 8ème dan JKA.

Comme à chacune de ses apparitions, c’est ‘la claque’. Il a choisi de nous plonger dans le kata Gankaku. En toute simplicité, il nous fait une démonstration comme seul lui sait le faire. Il parvient à faire bouger chaque partie de son corps en fonction de la technique qu’il exécute. Des positions parfaites, il nous fait quelques tours de hanches … mes amis et moi observons en silence. Il insiste sur tous les détails, la perfection à l’état pur.

Kawawada Sensei, c’est surtout une puissance tranquille. Chaque coup est fluide et fort à la fois. J’ignore son âge exact, mais une chose est sûre, il n’a rien perdu de sa souplesse. Ses jambes vont et viennent comme un élastique insaisissable. Il essaie de nous transmettre les subtilités de Gankaku, le calme avant l’explosion, se sens de l’équilibre, etc …

Il se laisse même aller à sourire lorsqu’il nous surprend à sautiller d’une jambe à l’autre en nous servant de nos mains … alors que ce geste est complètement inutile dans l’exercice en question.

Il nous donne ses derniers conseils à consommer sans modération, un peu comme les œufs de Pâques à cette période de l’année. Dans l’assemblée, je remarque quelques têtes connues, d’autres moins, d’autres plus médiatisées.

Mais croyez-moi, tout cet enseignement ne s’apprend pas sur des bouquins ou sur dvds, mais bien face au maître, un jour comme celui-ci.

mardi 3 avril 2007

Sergio Gneo Sensei

La Japan Karate Association contribue au développement du karaté dans le monde.

Et dans notre bonne petite Belgique, un nom émerge au sein de cette grande famille : Sergio Gneo Sensei.
Il est le Directeur Technique National de la JKA Belgium. Un des rares européens à avoir été élevé au rang de 7ème Dan JKA.
Héritier direct des valeurs de Satoshi Miyazaki Sensei dont il fût l’élève, l’ami et le confidant. Sa vie est vouée au karaté. Nous avons une grande chance de l’avoir parmi nous au sein d’un petit pays comme le nôtre.

L’homme a atteint la cinquantaine, et pourtant, ce qui m’impressionne surtout chez lui, c’est sa jeunesse intérieure, l’œil toujours pétillant d’énergie.

Au-delà du regard que Gneo Sensei peut porter sur chacun de nous, il y a cette passion martiale qu’il nous transmet à chacune de ses interventions. Ca se sent, ça se vit surtout. Comme une éponge, j’absorbe alors ses directives, j’observe l’instructeur, scrutant le moindre détail car c’est toujours très enrichissant. Je le respecte comme on respecte un père, car lui, nous considère comme ses enfants. Je dis ‘nous’ car j’ai l’intime conviction que je ne suis pas le seul à partager ce sentiment. Il représente à mes yeux le ‘cordon ombilical’ qui nous relie à Satoshi Miyazaki Sensei.

Il nous donne sans compter avec ce charisme qui lui est propre. Un maître qui partage tout son ‘savoir’, c’est plutôt assez rare de nos jours.

Tout … enfin presque, car après chaque entraînement, j’aime lui souffler discrètement ‘Maître, je vous ai encore voler une technique aujourd’hui’.

Une poignée de main, un sourire avec le cœur, et l’envie de le retrouver avec cette même ferveur dans le cheminement du fameux ‘do’, la voie du karaté martial.

Rien de tel pour se sentir bien … Merci Sergio !

dimanche 1 avril 2007

Le respect du Maître

Le respect ne s’impose pas, c’est quelque chose qui naît en soi.

J’ai énormément de respect vis-à-vis de Sergio Gneo Sensei ou Kazuhiro Sawada Sensei, pour n'en citer que quelques uns, tout simplement parceque ce respect naît de la confiance que j’ai en ces personnes.
La confiance envers un maître entraîne aussitôt l’admiration pour celui-ci.
Non pas une admiration uniquement axée sur l’apparence, mais plutôt sur ce que le maître essaie d'extérioriser.

Par exemple, sur un plan purement technique, je ne me concentre pas sur le geste physique, mais sur l'intérieur du geste, d'où il vient, et avec quoi. Ce qui se dégage d'un mouvement vient de l'intérieur. Lorsque je regarde un maître pratiquer, c'est ça que j'essaie de capter, tout ce que le geste comporte de l'identité du maître.

Et lorsque ce respect devient mutuel, la communication devient complice. C'est l'unique façon pour pouvoir enrichir son karaté.

Oss !